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Je profite de ce jeu que j’organise pour évoquer trois points intéressants ! Avant cela, toutefois, revoici les informations pour ce jeu – avec un petit ajout.
En effet, suite à la remarque de Lala, je précise que, si tu participes au jeu, tu n’es pas obligéǝ d’acheter un cadeau – ni que le cadeau soit physique : il est tout à fait possible de créer le cadeau (loisirs créatifs, dessin, poème, etc) et/ou de ne l’envoyer que par mail. (D’où la limitation de prix à 15€ pour cielles qui préfèrent acheter.)
Si tu t’inscris, précise-moi si tu préfères envoyer ou recevoir les cadeaux par courrier ou par mail ou si ça t’est égal.
Pour rappel, voici le concept et les règles – si tu les as déjà lues, tu peux sauter directement au texte après la prochaine image !
Le principe ? Chaque participantǝ envoie et reçoit un cadeau ! Personne ne saura qui lui aura envoyé son cadeau… En revanche, chaque mécène mystère connaîtra son donataire (pour lui envoyer le cadeau, c’est plus pratique).
Je propose que le thème général de ces présents corresponde à ma « ligne éditoriale » : écriture, lecture, littératures de l’imaginaire et féminisme. Lors de votre inscription, vous pouvez me donner un à trois mots pour aiguiller le choix de votre mécène mystère.
Les 3 règles du jeu (on ne me changera pas) :
1. Les inscriptions s’achèvent le 1er décembre.
2. Si le cadeau est un achat, son prix ne doit pas dépasser 15€ (hors frais de port).
3. Il faudra envoyer votre cadeau avant le 31 décembre, soit par courrier soit par mail.
Pour s’inscrire, il suffit de répondre à ce mail et de m’indiquer vos nom, prénom et adresse mail (si vous préférez un cadeau virtuel) ou postale (ou boîte postale, si vous préférez). Je m’engage à ne transmettre ces informations qu’à votre mécène mystère et à ne pas les conserver.
Je tirerai les noms au hasard avec l’outil DrawNames.
N’hésitez pas à donner à votre cadeau une signature personnelle, une attention, un petit mot, de la bienveillance et de la douceur !
En revanche, évitez la nourriture, même non périssable, car les régimes alimentaires spécifiques et les allergies sont légion.
Une fois votre cadeau reçu, vous pouvez m’envoyer un mot, une photo, un remerciement : je les publierai dans un mail de janvier, afin que la boucle soit bouclée !
Pour en revenir aux… trois (!) points que je voulais évoquer : tous sont liés au jeu, par la langue ou l’histoire !
Pourquoi « mécène mystère » ?
Lorsque j’ai eu l’idée d’organiser ce jeu via ma newsletter, je ne voulais pas utiliser le nom habituel de cette pratique : « Secret Santa ». En effet, il est trop lié à Santa Claus, le Père Noël, qui est une « invention » de Coca-Cola, héritée de célébrations chrétiennes (Saint Nicolas, entre autres).
La marque Coca-Cola a en effet popularisé l’image du gros Père Noël, jovial, à la barbe blanche et au costume rouge – mais cette image se basait sur la figure de Saint-Nicolas, un évêque de Myre en Asie Mineure, vénéré pour ses miracles par les marins et les marchands.
Le pasteur américain Clement Clarke Moore écrit en 1822 un poème pour ses enfants, intitulé “Saint-Nick”, où il évoque le traîneau sur le toit, les rennes qui piaffent, les bruits des clochettes… Des illustrateurs américains du XIXe siècle se sont inspirés du poème, dont Thomas Nast dans les années 1860, qui l’a par ailleurs « installé » au pôle Nord – une région encore méconnue et mystérieuse à l’époque.
Enfin, l’illustrateur Haddon Sundblom, suédois d’origine qui vivait en Amérique du Nord, a donné son costume rouge au Père Noël pour Coca-Cola – et c’est ainsi que le digne Saint Nicolas a perdu son Père Fouettard pour se transformer en joyeux festif !
Qui était Mécène ?
Parlons maintenant du terme « mécène ».
Sais-tu que ce nom, comme mentor ou poubelle, provient d’un nom propre ? Lorsqu’un nom propre devient un nom commun, on appelle cela une antonomase, mot composé de ἀντι (anti), « à la place de », et ονομάζειν (onomázein), « nommer ».
Mécène, de son nom latin Caius Mæcenas, a vécu au premier siècle av. J.-C. Homme politique romain aux qualités révérées, c’était un proche de l’empereur Auguste (nommé Octave avant son couronnement) – et un patron des arts et des poètes, dépensant son énorme fortune au bénéfice des artistes de tous genres.
L’historien Marcus Velleius Paterculus a décrit Mécène comme « d'une vigilance qui ne s'endormait jamais dans les situations critiques, sachant voir loin et sachant agir, mais lorsqu'il se reposait des affaires il était plus raffiné et plus efféminé qu'une femme ». (Merci pour ce sexisme antique.)
Son épouse Terentia le trompait avait Auguste, ce qui aurait donné lieu a plusieurs divorces et remariages entre Mécène et elle, car il souffrait de cet adultère, mais aimait sa femme.
Entre autres, Mécène fut sans doute le propriétaire de Bathylle, un acteur, danseur et pantomime, qu’il affranchit et qui aurait été son amant, ce qui me laisse penser que Mécène était sans doute bisexuel.
Des « mécènes mystère » ou des « mécènes mystères » ?
Enfin, je veux partager avec vous mon désarroi quant à l’accord de cette expression : au pluriel, faut-il également ajouter un « s » à « mystère » ou pas ? Mon purisme grammatical court dans tous les sens, affolé à l’idée que je puisse me tromper.
(J’essaie de me soigner là-dessus, mais c’est difficile. Du coup, je feinte : je mets au singulier.)
Il faut bien voir que « mécène » et « mystère » sont tous les deux des noms. J’aurais pu choisir d’appeler mon jeu, « les mécènes mystérieux »… mais non !
Pourquoi donc ? Eh bien parce que l’avantage de « mécène » comme de « mystère » (en plus de faire une jolie allitération en « m », de la même façon que « Secret Santa ») est que ce sont deux mots épicènes : on pourrait autant dire « une mécène mystère » qu’« un mécène mystère ».
En quelque sorte, j’adjective mon substantif, c’est-à-dire que je transforme le nom « mystère » en adjectif, puisqu’il qualifie le nom « mécène » : comment est ce ou cette mécène ? Iel est mystérieuxe !
(Oui, mon écriture inclusive est fantasque. Je teste des formes diverses et variées, je fais des expériences. C’est scientifique.)
Comment accorde-t-on les noms adjectivés (ou noms en apposition) ? D’après l’Académie française (tu connais mon « amour » pour cette institution, mais bon…) :
Le nom apposé varie uniquement si on peut établir une relation d’équivalence entre celui-ci et le mot auquel il est apposé.
M. André Racicot explique donc :
Donc, une maison qui est comme un modèle devient, au pluriel, des maisons modèles. Par contre, une liaison n’est pas un satellite; alors des liaisons satellite.
Lorsque l’on peut intercaler une préposition entre les deux substantifs, il n’y a pas d’accord. Ainsi : des cafés (à la) crème; des chaussures (de) sport.
S’il y a parmi vous des linguistes qui ont leur mot à dire, je suis preneuse (Lala ?).
En tous cas, mes mécènes ne sont techniquement pas des mystères : selon l’explication de M. Racicot, je devrais donc accorder « mécènes mystère ». Ouf, me voilà rassurée !
Et j’espère pouvoir compter sur de nombreuxes mécènes mystère ;)